Se battre pour nos retraites, c’est montrer qu’elles sont parfaitement finançables.
L’argument du choc démographique
En 2000 il y avait 4 personnes de 60 ans ou plus pour dix personnes ayant entre 20 et 59 ans, en 2050 il y en aura 7 pour 10.
Ce n’est pas insurmontable si les taux de cotisation augmentent et si d’autres sources de financement sont trouvées.
Il n’est pas illogique, dans une société où les personnes de plus de 60 ans sont plus nombreuses, que la société leur consacre davantage. C’est même un bénéfice pour la société que les retraités aient un revenu qui leur permette d’en être pleinement partie prenante. Passer d’environ 14% du PIB comme c’est le cas actuellement à 18 ou 19% environ permettrait de financer la retraite à 60 ans telle que la FSU la porte, ce ne serait pas un effort insoutenable.
Car à l’inverse, une société où les travailleurs se tuent à la tâche jusqu’à un âge avancé et où les personnes âgées sont maintenues dans la misère est-elle enviable ? Pour ne prendre qu’un exemple, l’augmentation du nombre moyen d’arrêts maladie constatée dernièrement est dûe en grande partie à la hausse des arrêts pour longue maladie, particulièrement entre 60 et 62 ans. Faire travailler les gens plus longtemps a donc aussi un coût financier et humain, c’est plus d’arrêts maladie à financer, ce sont aussi plus de souffrances et moins de possibilités de profiter de la vie en bonne santé.
Par ailleurs, l’argument du choc démographique nie les gains de productivité futurs : un actif de demain produira davantage en valeur qu’un actif d’aujourd’hui, et sauf à considérer que l’ensemble de ces gains de productivité doivent aller aux profits, ces gains de productivité permettent d’envisager un financement des retraites.
L’augmentation de l’espérance de vie n’a rien de définitif, c’est grâce à la protection sociale en général, grâce au système de retraites, que ces gains d’espérance de vie ont été possibles. On sait que l’espérance de vie en bonne santé baisse ou stagne, que l’espérance de vie baisse tout court aux États-Unis : est-ce cela que l’on veut ?
La FSU demande d’autres financements pour les retraites
- pour avoir davantage de cotisants, il faut mener une politique de l’emploi. Aujourd’hui, plus de 5 millions de personnes sont privées d’emplois et condamnées à la précarité ou aux petits boulots, c’est un manque à gagner considérable pour les régimes de retraites. Cette politique de l’emploi pourrait passer par une modulation des taux en fonction de la politique de l’emploi menée par l’entreprise et par une majoration des taux de cotisation pour les employeurs qui réalisent d’importants profits.
- pour avoir davantage de cotisations, il faut davantage de salaires. Par exemple, les cotisations sur les bas salaires ont été très fortement réduites, ce qui incite à embaucher au SMIC : le cercle vicieux que cela entraîne, c’est moins de salaires et moins de cotisations dans les caisses de retraite, il faut en sortir ! Si les femmes étaient payées à leur juste qualification, le relèvement de leur salaire pour atteindre l’égalité salariale ferait là aussi progresser les cotisations.
- pour financer les retraites, il faut mettre à contribution les revenus financiers, en prélevant une partie des 250 milliards versés sous forme de dividendes.
L’argument de la simplicité et de la lisibilité
Il n’y a rien de plus illisible qu’un système dans lequel on ne peut pas connaître à l’avance le montant de sa pension !
Il n’y a rien de plus simple, à l’inverse, qu’un système qui assure un pourcentage du dernier traitement brut ou des meilleurs salaires dans le privé.
La complexité a été introduite par les réformes qui, à coup de décotes, de proratisations, de suppressions de droits aux uns d’abord puis aux autres ensuite, ont introduit des éléments d’incompréhension, c’est sur ces réformes qu’il faut revenir !